La Guerre des Mondes (The War of the Worlds)

 

Un film de Steven Spielberg

 

D’après l’œuvre de H.G. Wells

 

Avec Tom Cruise, Dakota Fanning, Miranda Otto, Tim Robbins, Justin Chatwin…

 

Après deux films relativement politiquement corrects, The Terminal et Catch me if you can, Spielberg revient à un style plus impressionnant, une super production qui est l’adaptation d’une œuvre toute aussi impressionnante, The War of the Worlds, de H.G. Wells, auteur entre autres de La Machine à explorer le temps ou Les Premiers hommes dans la lune. Une œuvre de science-fiction donc, un genre que le cinéaste affectionne particulièrement, comme en témoignent ses précédentes réalisations, ET, Rencontres du Troisième Type, Minority Report ou encore AI.

 

Mais La guerre des Mondes est un autre genre de film qu’il a pu réaliser, puisque ici les extra-terrestres viennent exterminer la Terre et ses habitants, un plan prévu depuis des millénaires.

 

Roland Emmerich avait réalisé Independance Day, une guerre des mondes dégoulinant de patriotisme américain. Mais sans aucune classe, ni style.

 

Spielberg, au-delà du pur film de science-fiction, a créé une œuvre qui s’attache à l’Amérique, à ce patriotisme exacerbé, cette violence sous-jacente à la société américaine, l’isolationnisme dont elle fait preuve, la destruction de la cellule familiale, la condition sociale.

 

Le film raconte l’histoire de Ray, manutentionnaire sur le port de New York, divorcé et père de deux enfants dont il a rarement la garde. Un week-end, son ex-femme vient déposer les deux enfants. Lors que l’après-midi semble se dérouler paisiblement, un violent orage éclate. Bientôt des machines tripodes émergent de terre et détruisent tout sur leur passage. Ray et ses enfants vont fuir la mort implacable qui les poursuit.

 

Un seul but pour eux : survivre coûte que coûte.

 

Peu de temps après le début du film, où la scène d’exposition des personnages est relativement brève, l’action explose à l’écran. Si les effets spéciaux, réellement impressionnants, font pour beaucoup dans le film, c’est avant tout leur utilisation qui montre la maîtrise de Spielberg de son art.

 

Jamais ils ne viennent de manière superflue enlaidir l’image ou supplanter les acteurs. Bien au contraire, la complémentarité des effets spéciaux et du jeu réel des acteurs est stupéfiante. Nous ne sommes pas comme dans Star Wars dans le domaine de l’irréel mais bien du réel, de l’extraordinaire.

 

Spielberg brasse les thèmes qui lui sont chers, comme l’exode, avec des scènes impressionnantes de déplacement de population, rappelant celles de la Liste de Schindler. Il parle une nouvelle fois de famille éclatée avec ce père divorcé, qui arrive difficilement à faire face et à retrouver le lien avec ses deux enfants.

 

Spielberg amplifie l’œuvre de Wells en la situant dans un contexte contemporain, mais non sans un certain classicisme, ne serait-ce que par la présence d’une voix off (Morgan Freeman) au début et à la fin du film. Une particularité qui était fréquente dans les films de science-fiction des années 50 et qui apporte ici une solennité à un film éblouissant.

 

La qualité du film doit aussi beaucoup aux comédiens, de Tom Cruise, en sauveur de ses enfants, à Dakota Fanning, sa fille, épatante pour son jeune âge. Elle était déjà étonnante dans Man on Fire, de Tony Scott. Un casting impeccable et une collaboration une nouvelle fois réussie entre Cruise et Spielberg après Minority Report.

 

Du côté de la technique, Spielberg fait une nouvelle fois preuve de son inventivité, de son intelligence dans l’utilisation des effets spéciaux. Des effets spéciaux faits créés par ILM (la compagnie de George Lucas). Pourtant, ceux-ci ne viennent pas vampiriser, malgré leur quasi-omniprésence, l’action au détriment du scénario. Les tripods, géants de fer tentaculaires, impressionnent, les créatures extra-terrestres semblent être si humaines qu’elles effraient.

 

Malgré un happy-end, classique spielbergien, un peu appuyé, La Guerre des Mondes, reste un film impressionnant et très réussi, un film dont la maturité visuelle, scénaristique (merci David Koepp), photographique (merci au fidèle Janusz Kaminski) et musicale (merci au grand John Williams) est indéniable.

 

Si l’on avait pu douter de la vigueur et du talent de Steven Spielberg lors de ces deux derniers films, les critiques et cinéphiles sont dorénavant plus que rassurés.

 

La Guerre des Mondes est sans aucun doute un sommet dans la grande carrière de Steven Spielberg.

 

A voir absolument sur grand écran pour en apprécier toute les qualités !

 

 

Arnaud Meunier

09/07/2005